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Pour la petite Histoire...

Si la Chine et le Japon se disputent l’ancienneté de son usage, on peut dire que la laque est, par essence, l’emblème de la culture asiatique. On trouve des traces de son utilisation à la fin du néolithique (- 7000 à - 5000 ans av. JC) , dans le cadre de la sédentarisation de la population. 

 

Employée dans la vie courante pour ses propriétés protectrices, elle a représenté une véritable révolution technologique : utilisée tantôt comme une colle, tantôt comme un imperméabilisant, elle a amélioré le niveau d’hygiène de la population en permettant notamment la conservation des aliments. La laque une fois durcie, protège à la fois de la chaleur, des bactéries, et exerce également une parade contre le vieillissement du bois. Elle passe ainsi pour l’ancêtre de nos matières plastiques, mais sa pérennité permet aux objets laqués de traverser le temps.

 

Depuis l’origine les outils et les champs d’utilisation ont évolué, mais la récolte et les techniques sont restées traditionnelles. Matériau fiable à la fois pour l’ornement et la protection des objets qui lui servent de support, cette tradition a rayonné à partir de la Chine et du Japon dans toute l’Asie lors des invasions et conquêtes (Birmanie, Vietnam, Laos, Corée, Cambodge, Inde..). Durant plusieurs siècles, chaque pays a fait évoluer, en parallèle des vocations utilitaires de la laque, ses propres techniques artistiques: incrustation de nacre et de coquille d’oeuf, application de métaux (or et argent), élargissement des palettes de couleurs. 

De la protection et l’ornement des statuaires à destination religieuse à la confection d’objets luxueux, les réalisations en laque sont ainsi devenus rapidement réservés à une élite (militaires et aristocrates). 

 

Les supports se sont diversifiés: décoration d’armures, fourreaux de sabre, éléments de vaisselle, objets miniatures (inro, peignes…) .Certains de ces objets utilitaires de luxe représentaient un patrimoine transmis aux générations suivantes, en tant que trésor familial. 

 

A partir du 16 ème siècle, les allées et venues des diplomates européens en Asie contribuèrent à faire connaitre cet art en occident, développant ainsi un marché d’exportation. L’intérêt fut tel que bientôt, l’art du laque incita les artisans européens à inventer un vernis copiant (imitant) l’aspect de la laque végétale. La famille des Dagly (flamands) mit au point un premier vernis à la fin du 17 ème siècle. Puis en 1730, les frères Martin élaborent un vernis à base de copal, mais beaucoup plus fragile à l’eau. Du 19 ème au 20 ème siècle, les progrès de la chimie permirent la mise au point de vernis laque de meilleure qualité: vernis nitro-cellulosiques, glycérophtaliques, polyuréthanes.  Mais malgré les réels avantages que présentent ces vernis dans leur mise en oeuvre, les propriétés de souplesse, imperméabilité et résistance confèrent à la laque végétale son caractère unique.

 

Encouragés par les échanges culturels avec les maîtres laqueur d’ Asie, et la mise à disposition de ces nouveaux vernis laque, les décorateurs du mouvement art déco comme Jean Dunand, Eileen Gray… ont favorisé le développement d’un art du laque occidental. 

Depuis, cet art, trop peu connu du grand public, continue d’être pratiqué en occident au travers d’une création contemporaine très variée. Les artistes et artisans d’art utilisent vernis ou laque végétale en fonction du résultat escompté dans leurs oeuvres.

 

En Asie, l’art du laque est partie intégrante de la culture, et les écoles d’art dispensent un enseignement favorisant la création artistique. Depuis 2005, un événement annuel réunit les maîtres laqueurs des pays d’Asie autour d’ateliers et conférences. Ces échanges témoignent  de la volonté de préserver la culture traditionnelle de la laque , et de l’encouragement aux artistes et artisans dans la création de nouveaux designs, adaptés au modes de vie contemporains.

 

 

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